Mercredi 25 décembre se tenait la deuxième session des BBDating.
Edgar Sosa, notre numéro 4 américain-dominicain et Jean-Sébastien, entraineur adjoint depuis 2018 au BBD étaient présents pour répondre à vos questions.
Isabelle Lecolier était également présente pour la traduction.
Edgar, comment se passe ton adaptation en France (au niveau du club, de la culture, de la vie, etc.) ?
Edgar : Il n’y a pas eu de grosses transitions, j’avais déjà vécu en France lorsque je jouais à Gravelines en 2018. Je trouve que c’est facile de s’adapter ici puisque je passe beaucoup de temps au basket avec mes coéquipiers. J’ai tout ce dont j’ai besoin : le supermarché, des bons restaurants, etc. Les coachs et mes coéquipiers me traitent bien, donc je n’ai pas de problème d’adaptation.
Jean-Séb, quelles sont tes missions en tant qu’adjoint de cette équipe Jeep Elite ?
Jean-Séb : Il y a la mission déjà d’entrainer sur le terrain, avec la préparation de l’entrainement collectif. Nous sommes présents en tant que staff avec Thomas, Old le préparateur physique et même Simon, le kiné. La partie la plus prenante de mon travail c’est la notion scouting de l’adversaire. Tout ce qui est observation de l’adversaire, notamment avec le travail vidéo. Au cours de la semaine on réalise en moyenne 2 vidéos sur l’adversaire avec une présentation de l’effectif. A partir de là il y a une présentation avec deux montages : un orienté sur l’adversaire et l’autre sur la manière de jouer de l’équipe. Il y a des équipes qui ont un style ou une forme de jeu très caractérisé. Après il y a également un scouting papier pour donner des informations aux joueurs. On essaie de mettre en place un travail de développement individuel avec chaque joueur.
Quelles sont, vos moyens et vos méthodes, pour être concentrés sur ce que vous êtes en train de faire ? Comment garder un mental pour rester au plus près de sa mission ?
Edgar : La saison a commencé de façon un peu particulière, entre les blessures des uns et les tests Covid des autres, il a été difficile d’instaurer un fonctionnement au sein de l’équipe. Je m’entraine dur régulièrement, j’essaie de donner mon maximum à chaque fois. C’est compliqué mentalement de faire face à la situation, j’essaie de rester concentré mais je ne fais rien de particulier pour garder cet état d’esprit. Chez moi je regarde des matchs et des highlights de joueurs que j’apprécie pour rester concentrer sur le basket.
Jean-Séb : C’est la vraie problématique du moment, c’est une situation inédite, on n’a jamais été préparé à ça. On a du mal à savoir si ce qu’on fait est bien : on n’a ni recul ni repère. De toutes les équipes, c’est nous qui avons le moins joué. On a joué deux semaines, et déjà cette période là était très perturbée. Il y avait beaucoup d’incertitude par rapport à tout ça, et dès qu’on a enfin commencé à jouer on a dû s’arrêter. Ce qui est difficile c’est les non-perspectives sur les semaines qui viennent, toute la difficiluté c’est de réussir à garder un minimum de dynamisme et de travail dans le groupe. On maintient une séquence de travail journalière. C’est humain, mais c’est difficile d’avoir les joueurs et même le staff complètement investis puisque d’habitude tout le travail est rythmé autour des matchs qu’on va jouer. On essaie de travailler sérieusement, malgré tout. Pour l’état mental de tous, on propose des séquences de travail en dehors du basket ou plus ludiques pour aider tout le monde à décompresser. C’est dur de maintenir un niveau d’exigence quand on ne sait pas quand on va jouer. On essaie de trouver le juste milieu. On a un groupe sain et naturellement sérieux, donc on fonctionne depuis 4 semaines à s’entraîner et à travailler. Il faut vite revenir aux matchs, car ils nous permettent de nous évaluer. Pour des joueurs comme Edgar ça peut être encore plus difficile puisque toute sa vie tourne autour du basket et qu’il n’est pas dans son pays natal.
Edgar, après ton passage à Gravelines où tu as alterné le bon et le moins bon, est-ce qu’avec cette année et ton passage à l’étranger tu penses avoir pris plus de régularité dans ton jeu ?
Edgar : Effectivement quand j’ai joué la saison à Gravelines j’ai alterné de grands matchs et des matchs moins bons. Cette saison était assez différente des autres puisqu’il y a eu aussi beaucoup de blessures. L’année dernière, jouer en Israël une saison plus régulière m’a permis de me redonner confiance et de prendre plus de maturité dans mon jeu. Cette année je fais tout pour être un meilleur meneur pour le BBD.
La ligue avait évoqué deux matchs en décembre, est-ce qu’on en sait un peu plus ?
Jean-Séb : Moi je n’ai pas de réponse sûre pour l’instant, il n’y a rien d’officiel. L’idée est de jouer deux matchs en décembre, l’un à domicile et l’autre à l’extérieur. J’ai l’impression que les clubs suivent cette idée. A priori ce serait plutôt après le 15. Donc deux matchs à huis clos pour relancer la machine. Peut-être que des clubs vont jouer le premier week-end de décembre. De toute façon certains ont continué de jouer des matchs télévisés. J’ai l’impression que le calendrier va être très disparat. Les joueurs n’ont qu’une envie, c’est de rejouer. Avoir des perspectives c’est tellement important, le sénario n’est pas simple. A nous de rester solide et de nous serrer les coudes.
Hors période de Covid, comment on fait pour gérer un groupe avec les egos de chacun et les volontés de temps de jeu ? Quelles sont les clés pour maintenir un équilibre ?
Jean-Séb : La gestion des hommes sur les frustrations c’est l’une des thématiques fondamentales. Il n’y a pas de recette miracle, ça dépend des individus qu’on peut avoir en face de soi. Un joueur qui ne joue pas à du mal à se sentir bien. Il faut réussir à impliquer tout le monde. Au delà du temps de jeu, c’est important que le joueur sente qu’il sert à l’équipe. C’est important lors de la constitution de l’équipe de bien définir les rôles de chaque joueur afin que chacun joue sur ses qualités et performe. C’est un travail d’équilibre entre les uns et les autres afin que chacun puisse s’exprimer sur ses qualités et son rôle dans l’équipe. Il faut aussi prendre en compte la carrière du joueur, son état d’esprit, etc. La gestion humaine des joueurs c’est le cœur du métier, c’est aussi important que l’aspect technique du basket. Il faut que les joueurs se sentent bien dans leurs baskets : la notion de temps de jeu et de définition des rôles sont essentiels.
Avec les jeunes, il faut user de beaucoup de pédagogie et être dans l’accompagnement hors match pour qu’ils sentent que malgré la situation de ne pas être sur le match, le travail à côté les fait progresser. On essaie de leur donner des perspectives un peu plus lointaines que le match qui vient et sur lequel ils ne vont pas jouer. Ils s’expriment également dans leur équipe Espoirs.
Jean-Séb, quels conseils donnerais-tu à un jeune entraîneur pour se diriger vers le haut niveau ?
Jean-Séb : La notion de niveau n’est pas très importante, puisque dans tous les cas les mécanismes sont les mêmes. Oui il y a des choses différentes : les salles, le public, les enjeux, les sommes. Mais les mêmes problématiques reviennent de la même façon : la gestion humaine, la gestion des frustrations, etc. La chose la plus importante c’est de savoir qui on est, dans sa personnalité et en tant qu’homme. C’est un long processus, mais en fonction de qui on est, de ce qu’on aime, ce qu’on ne supporte pas, ce qui est important pour nous, on se construit petit à petit. On construit alors sa méthode, sa façon de jouer, ses exercices d’entraînement, etc. Il ne faut pas surjouer, il faut être comme on est. C’est la même chose pour les joueurs : il faut être dans son rôle, dans ce qu’on sait faire. Comprendre aussi les points sur lesquels on peut progresser et devenir meilleur. Il faut être authentique et ne pas essayer de se transformer.
Edgar, quels ont été tes motivations pour venir à Boulazac ?
Edgar : Avant de venir je ne connaissais rien sur la ville, mais en 2018 quand j’ai joué à Gravelines contre Boulazac j’ai vu que c’était une équipe sérieuse qui se fixe des objectifs et arrive à les atteindre. C’était d’ailleurs une des meilleures équipes contre lesquelles j’ai joué. Quand j’ai reçu une offre de Jeep Elite pour revenir jouer dans ce championnat j’ai tout de suite accepté.
Edgar, qu’est-ce que tu as prévu pour les fêtes ?
Edgar : Je ne sais pas vu le contexte international si je vais pouvoir rentrer chez moi aux Etats-Unis, mais si je dois passer Noël en France je ferais tout mon possible pour rester en contact avec ma famille et passer du temps avec eux, même loin. Si nous sommes tous bloqués à Boulazac nous ferons sûrement quelque chose tous ensemble avec les autres joueurs.
Edgar, comment te sens-tu par rapport aux autres joueurs et par rapport à la situation ?
Edgar : Il y a vraiment de l’entraide entre les joueurs, dans les vestiaires et sur le terrain pour rester positif chaque jour. Quand le championnat va recommencer il va falloir qu’on soit prêt très vite. Nous sommes très solidaires pour nous entraîner et nous motiver les uns les autres.